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De bien tristes nouvelles...

"Le sommeil n’arrive pas.

Je tourne en rond dans ma cage. Entre les barreaux de mon cerveau. Les images se bousculent. La colère, la peine, le découragement y pointent leurs nez régulièrement. Par vague. Comme la marée. Montante et descendante. Parfois doucement, sournoisement. Parfois avec la violence d’une tempête en méditerranée. Déstabilisante.

Plus d’une semaine déjà. Et tous les jours je remonte là-bas. Pas pour constater les dégâts. Enfin si un peu… Malheureusement… Avoir chaque jour l’image de ce désastre sous les yeux, comme un message pour me rappeler… « Souviens-toi »… « N’oublie pas »… Des images et des odeurs. Elles aussi par vague. Des relents. L’odeur du feu éteint. L’odeur d’une fumée âcre, d’une fumée sale. Celle qui dévore les choses et les gens. Celle qui colle à la peau, aux vêtements, au moindre objet qui traîne. Dès que j’arrive, je ne peux voir que « ça ». Même si je passe par en bas, je ne vois que « ça ». Alors je me résigne, je me réconforte en me disant qu’il n’y a pas eu mort d’homme, qu’il n’y a pas eu de blessé, que la vie continue. Et je passe la porte.

Ici aussi cette odeur refait de temps en temps surface. Quand je manipule une photo, un dessin. Une de mes productions que j’ausculte, que je soigne, pour lui redonner sa vraie nature. Pour me soigner moi-même. Une thérapie obligatoire pour avancer et rebondir. Pour ne pas baisser les bras. Pourtant l’envie et parfois toute proche de ne pas remonter, de tout laisser là où cela a failli périr, et repartir. Ailleurs. Sur autre chose, pour autre chose. Mais pour quoi ? Pourquoi ?

Plus d’une semaine déjà que le feu a ravagé le bâtiment qui abritait mon atelier. Une semaine qu’il s’est effondrait sur l’espace que j’avais investi pour travailler et exposer mes créations. Un espace comme un écrin. Un espace que j’avais mis du temps à m’approprier. Mais finalement un espace qui me ressemblait. Mais il était sans compter la nature humaine, sans compter la vie tout simplement. Celle qui bouge dehors, celle qui boue dehors…" 27/08/2016

Le jeudi 18 août 2016 le feu s'est déclenché dans l'appartement au dessus de mon atelier vers 00h30. Les pompiers ont été prévenus très rapidement et sont intervenus au plus vite. Malheureusement le bâtiment n'a pas pu être sauvé. Les pompiers ont pu sortir du mieux qu'ils pouvaient une grande partie des affaires qui se trouvaient dans mon atelier. De nombreuses productions ont étaient endommagées et chaque jour je constate que l'humidité continue son travail de sape. Du matériel est à tout jamais enseveli sous les décombres. Ici pour le moment... Ensuite il sera définitivement détruit dans une quelconque déchetterie. Je loge actuellement dans les locaux de la MJC que la mairie de Boissezon met à ma disposition en attendant que les choses se mettent en place. Nous attendons tous les résultats des différents experts pour savoir comment avancer. Reconstruire pour la mairie ? Déménager pour moi ? Ce qui veut dire trouver un autre local... mais où ? Sur la commune il est difficile d'en trouver maintenant... J'espère donc trouver à moindre coût sur Castres ou ses alentours, à une quinzaine de kilomètres maximum.

Ce message est pour vous tous qui suivaient mon actualité et mes créations. Je tenais à vous informer de la "déveine" que je traverse mais qui ne m'abattra pas.

Je tiens à remercier ici Samuel Marpinard qui a créé une cagnotte (lien) pour me venir en aide, pour pouvoir couvrir les frais que l'assurance ne couvrira pas : frais de retirages, frais d'encadrement pour remplacer les cadres endommagés, frais d'achat de matières premières et de matériels ensevelis et irrécupérables... Merci également à Pripri Da Karyss et à son époux d'être venus m'aider un après-midi à trier et à nettoyer le gros de l'histoire. Leur présence m'a été d'une aide immense moralement. Merci également à Virginie Trial qui gère la page Sortir à Castres sur facebook et qui relaie régulièrement mon activité parce qu'elle croit en moi et qu'elle apprécie mon travail. Elle est venue me remplacer pour la permanence que je devais tenir vendredi à la galerie des Cymaises pour l'exposition en cours et à laquelle je participe (demain c'est le dernier jour !). Je n'ai pas le don d'ubiquité malheureusement et ne pouvais donc pas être là-bas et continuer de restaurer mes créations abîmées. Je remercie bien entendu la mairie de Boissezon de mettre à ma disposition la MJC en attendant que les solutions apparaissent. Je remercie par "obligation" Yvon Jamard, mon compagnon d'infortune et de fortune, lui aussi touché par le désastre puisqu'il a été dans l'obligation de quitter les lieux par manque de... toit ! Ses productions sont également stockées à la MJC. Heureusement tout va rentrer dans l'ordre très vite pour lui. Ce sculpteur sur bois, fan de petits points et enseignant de Reïki, m'aide à garder paix et sérénité dans ma tête. Et enfin, je remercie l'association Arts Passion Boissezon qui couvrira l'expo de solidarité de septembre que nous mettons en place, Yvon et moi, pour pouvoir récupérer quelques fonds supplémentaires.

Je tiens également à remercier toutes les équipes de pompiers qui sont intervenues sur ce sinistre plusieurs fois dans la journée du 18 août 2016. Ce jour-là, à leur attention, j'ai écrit un petit texte qui devrait être diffusé dans la presse locale, dans la Dépêche du Midi. Pour ceux qui ne sont pas sur la région je vous le livre ici, et vous remercie vous aussi de votre présence à mes côtés, de vos marques de sympathie ainsi que de votre implication à mes côtés.

"Merci. Merci à l'équipe de nuit restée en veille jusqu'à 6h passée. Près de six heures d'intervention pour dompter le feu. Ce feu qui, volage, a repris vie deux heures après votre départ. Merci. Merci à l'équipe du matin. L'équipe qui est intervenue deux heures de plus pour éviter que ne se propage ce feu. Le feu qui a rongé nos vies. Trois vies. Merci. Merci à l'équipe de l'après-midi. Celle qui est venue pour en rajouter une bonne couche. Une belle couche de vingt centimètres de neige bien blanche qui au fil des heures a pris la couleur du temps. Gris. Gris sale. Merci à cette quarantaine de pompiers venus d'ici et d'ailleurs, de Castres et de Mazamet, de Labruguière et de Brassac, qui se sont relayés pour étouffer ce feu. Pour sauver ce qui pouvait être sauvé, au risque de leur vie, sans compter ni calculer. Ils ont risqué leurs vies. La vie de plusieurs personnes a été mise en péril hier soir. Cette nuit. Voisins du brasier, intervenants pour éteindre les flammes... Des experts au service des habitants. Des experts à nos soins. Humains dans l'âme. Professionnels dans le geste. Des boxeurs aux doigts de fée. Les pompiers, des chevaliers du Feu. Merci. Merci et bravo." 18/08/2016

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